Accéder au contenu principal

– Et lui, là, pourquoi il rigole ? —

La scène imaginaire du clown qui rejoue sempiternellement ses quelques vieux tours parhétiques, en feignant de pleurer : — Voyez, les enfants, il est triste le livre, l’arbre est mort pour lui, alors la poésie ce n’est que ça. Les mots doivent porter leur part de peine et de culpabilité, tout cela pour vous ! Pour vous donner des poèmes ! Pas trop jolis alors, vous devez respecter les arbres. Ce clown avec son idée fixe n’est nul autre qu’un aka parent bonhomme qui se réserve le droit à lui seul de faire toutes ces mauvaises blagues, de travestir la réalité qui résulte en partie de son métier mal fait depuis quelques lustres et du fait que l’on ne peut pas mettre sur le marché cent belles œuvres de poèmes en langue française par an avec ce mode de culture, mais aussi peut-être parce que les clowns qui griment leur dilettantisme sous des airs de spécialistes et des couvertures aux noms légendaires, n’ont pas assez lu ce qu’ils reçoivent et, au nez et à la barbe de la société qui a trop de problèmes pour s’en apercevoir ou qui est trop jeune pour comprendre, ou trop taiseuse et épuisée pour s’indigner des clowns, ceux-ci en plus de leur goût maladif de mentir ont un village à consoler, à amuser, le leur et leur sociabilité de frénétiques. En somme, il devrait y avoir bien plus de bons lecteurs que de bons poètes, c’est normal, c’est l’enfance de l’art, oui mais en France, de l’art, on a trop eu l’envie, on a trop galvaudé l’art et la gratuité d’être artiste. C’est une sorte de pot de colle dont on a fait le sens de la lecture et, combiné avec un statut de l’émotion, mal appréciée, mal assumée, lire des poèmes a été perçu et tenu pour, au choix : 1. Une technique de drague 2. Un monde enfantin donc puérile 3. Une facilité et une gratuité : tout rapporté à l’école, du primaire au lycée. Il n’y a pas très longtemps, la lecture des poèmes et d’une certaine littérature était féminisée, il n’est que de voir une classe de première ou terminale L, une faculté de lettres modernes : c’était, quand j’en avais l’âge, genré au possible, je veux dire par genre une tendance nettement sexiste où les femmes étaient surreprésentées et les hommes sous-représentés. Or ce n’est pas une tendance naturelle, humaine. C’est les familles et la société qui ont fait des leurs et ici « papa » est un notable qui mène sa progéniture avec la fierté d’un animal au sang chaud, là en société la vulgarité s’étale aux frais du contribuable sur un média où il s’en dit des grasses, qui réapparaissaient dans les cours de récréation le lendemain ou plus tard. C’est un délire de transmission auquel on assistait. Mais transmettre quoi ? Il y a si peu de vocations qui ont été respectées, par esprit de société, de politique, de convenances, de normalité, de séparation des trois ou quatre sphères que l’on connaît à la petite semaine, où un caractère opiniâtre ne fait aucun lien et ne tient pas compte, ou pas bien, de ce qu’il a appris là quand il est ici ou ailleurs (comme si dans deux ou trois de ces endroits ce caractère avait de quoi baiser et se faire baiser), il semble que peu de gens en somme, dans plusieurs métiers, je pointe surtout du doigt les métiers culturels et ceux qui sont assez exigeants en psychologie des ressources humaines, donc les livres et les arts, peu de gens aient exercés ces métiers non par cooptation, faveurs, mais comme ce serait plus normalement le cas, par vocation. Le problème c’est que des gens qui avaient et ont de quoi apprendre trois métiers au cours de la vie, au moins, n’en ont aucun en reconnaissance professionnelle et en revenus. C’est un prodige de France, aussi vrai que je suis en France et un prodige dont l’on s’est offert le luxe de se gausser.
Je reprends en conclusion : l’enseignement de la lecture et la valorisation du lectorat, c’est une mission très respectable si le respect est premier dans l’enseignement et au cours du temps culturel qui dit oui à la lecture. Quand on a un goût pour la science, on a un goût pour les définitions. J’aime rechercher c’est quoi la poésie, mais tout ou n’importe quoi, c’est exagérément faux. La discordance entre le bon sens de tel ou telle et la raison, plus apte, malgré ses diverses acceptions, à recevoir des définitions, transparaît quelques fois dans les conversations et, la pensée réflexive en face ou après un livre médité, ou au sujet d’une situation, d’un problème courant et étendu, permet de sentir, de deviner même si c’est difficile et surprenant, que les gens n’ont pas tous le même sens des mots et des choses. L’illusion est reine la plupart du temps car la parole est un vecteur très fort et l’émotionnel au moins autant que la raison garantit aux divers individus en présence cette présence et le sentiment de vie, de quiétude, de respect, tandis que l’attention et la raison, si les mots et les choses ne sont plus bien suivis par un individu, leur permet de passer à autre chose ou de se quitter, sans que tous puissent savoir que quelqu’un a abrégé parce qu’il ne pouvait pas suivre le sens de cette discussion. Par contre l’obstination à manipuler ou  à mentir, c’est autre chose, nettement, majoritairement. C’est disjonctif comme penserait Kant, c’est une petite part commune entre le bon sens de chacun et un vice, qui se partagent un espace de raison, de réalité. Mais quand c’est devenu les métiers des livres et la poésie, tant de discours, je trouve que ce qui restait à faire et c’est fait c’était ignorer ma personne et mes poèmes. Et lui, là, pourquoi il rigole ? Et après que peut-on ajouter ? 
        / Raison des villes où raison des champs, vient diplômer /
            son droit de nourrir où en villes doit s’aimer / 
        son devoir de preuves d’urbanité, en société / 
            comme un chalut, ultramontain, coté /

Commentaires